1 800. Ce n’est pas la population d’un village, ni la référence d’un modèle de voiture. C’est le nombre de jardins que la France ouvre aujourd’hui à la curiosité de tous. Parmi eux, seule une poignée, une centaine tout au plus, arbore fièrement le label « Jardin remarquable ». Derrière ces grilles souvent séculaires, des espaces pensés pour la recherche ou la collection sont devenus, au fil du temps, des refuges pour les espèces en péril et des lieux où l’on cultive la conscience écologique. Les pratiques paysagères, elles, n’ont cessé d’évoluer, faisant de ces jardins des terrains d’expérimentation où patrimoine, biodiversité et accueil du public se conjuguent avec audace.
Plan de l'article
La diversité des jardins paysagers et botaniques à travers le monde
Partout sur la planète, la diversité des jardins révèle une conversation ininterrompue entre l’humain et le végétal. Prenez le jardin botanique de Rio de Janeiro, dissimulé sous la silhouette du Corcovado : plus de 6 500 espèces y cohabitent. De l’autre côté de l’Atlantique, les Kew Gardens de Londres tiennent le rôle de vigie de la diversité végétale depuis plus de deux siècles. Et puis il y a les jardins paysagers japonais : ici, le geste compte autant que la plante, la pierre dialogue avec l’eau, l’absence crée la beauté. Le détail s’y fait art, le temps s’étire dans chaque recoin.
La Bretagne, elle, cultive sa différence. Au parc botanique de Cornouaille ou au jardin du Botrain, dans les Côtes-d’Armor, on croise des végétaux venus de loin, acclimatés patiemment. Ce coin de France profite d’un climat océanique qui autorise toutes les audaces : camélias, érables japonais, rhododendrons, fougères arborescentes composent une mosaïque étonnante, reflet d’un goût du risque végétal.
Pour mieux saisir l’étendue de cette diversité, quelques repères s’imposent :
- On compte près de 3 000 jardins botaniques dans le monde, autant de lieux dédiés à la science, à la sauvegarde et à l’émerveillement.
- Nombre de jardins paysagers marient collections végétales pointues et mises en scène raffinées.
- Quant aux parcs botaniques, ils abritent des espèces menacées tout en éveillant le public aux enjeux de la biodiversité.
Chacun de ces jardins s’impose avec ses propres règles, son climat, ses alliances botaniques. À chaque territoire sa façon d’articuler nature et culture, préservation et création, impossible de trouver deux jardins identiques tant la diversité règne.
Comment les jardins botaniques ont évolué au fil des siècles ?
Remontons le fil du temps. L’histoire des jardins botaniques prend racine à la Renaissance, quand l’Europe redécouvre la richesse des plantes. C’est à Padoue, en 1545, que naît le tout premier jardin botanique moderne, vite imité à Pise, Florence ou Bologne. Leur but : former les médecins, expérimenter, transmettre le savoir des simples. Peu à peu, les universités et les cours royales de France, des Pays-Bas, ou d’Allemagne, s’approprient ces espaces, y injectant une dose d’audace et d’esthétique.
Entre le XVIe et le XVIIIe siècle, ces jardins deviennent des vitrines de la diversité végétale. Les échanges s’intensifient, les botanistes parcourent le monde, rapportant de nouvelles espèces pour enrichir leurs collections. À Paris, le Jardin des Plantes, fondé en 1635, incarne cette soif encyclopédique. Bientôt, la science se structure, les herbiers se professionnalisent, la classification des espèces s’affine.
Pour suivre cette progression, voici les grandes étapes qui ont marqué cette histoire :
- XVIe siècle : apparition des premiers jardins botaniques en Italie, conçus pour la médecine.
- XVIIe siècle : développement rapide en France et aux Pays-Bas, ouverture vers les sciences naturelles.
- XVIIIe siècle : organisation scientifique renforcée, création des grands herbiers, multiplication des échanges internationaux.
Les universités européennes deviennent alors des centres névralgiques pour la botanique. Jardiniers, chercheurs et explorateurs y collaborent, faisant des parcs et jardins des instruments d’enseignement, de conservation, et même d’influence politique. Les plantes exotiques, savamment acclimatées, attestent à la fois du pouvoir des nations et de l’appétit pour la nouveauté végétale.
Des jardins remarquables à visiter absolument, de la Bretagne à l’international
La Bretagne regorge de jardins remarquables où chaque visiteur peut mesurer l’exubérance d’une flore soigneusement orchestrée. À Combrit, le parc botanique de Cornouaille s’étend sur quatre hectares, exposant une collection d’exception : camélias, érables, rhododendrons rares. Ici, les botanistes amateurs côtoient les promeneurs venus chercher la fraîcheur des sous-bois. Plus loin, les Jardins de Brocéliande à Bréal-sous-Montfort alternent scènes végétales interactives et espaces pédagogiques, sans jamais céder sur la rigueur scientifique.
Dans les Côtes-d’Armor, le domaine de la Roche Jagu marie architecture patrimoniale et panoramas suspendus au-dessus du Trieux. Les terrasses sont mises en scène avec minutie, alternant entre essences autochtones et collections venues d’Asie ou d’Amérique australe. Cette région incarne la capacité des parcs botaniques bretons à accueillir la diversité végétale du globe tout en restant ancrés dans leur terre.
Si l’on franchit les frontières, l’Europe expose d’autres perles : le Jardin botanique de Kew à Londres, référence mondiale, ou les serres du Jardin des Plantes de Genève, où science, art du paysage et transmission se rencontrent. Ces espaces illustrent, chacun à leur manière, la richesse de la diversité des jardins, des terres bretonnes jusqu’aux plus grands ensembles botaniques du monde.
Préserver et réinventer les jardins : enjeux de conservation et de transmission
Au cœur des jardins, le patrimoine naturel et le patrimoine culturel se croisent, formant de véritables laboratoires vivants pour la préservation de la biodiversité. En France, les conservatoires botaniques nationaux tiennent une place de choix. À Brest, par exemple, le conservatoire s’investit dans la sauvegarde de près de 2 000 espèces menacées, tandis que les herbiers et collections de semences constituent un trésor pour les générations à venir.
La transmission ne s’arrête pas là : elle s’incarne aussi dans les allées des jardins botaniques universitaires et des muséums, où enseignement et recherche avancent main dans la main. Le muséum d’Histoire naturelle de Paris s’illustre par ses collections et ses programmes de réintroduction d’espèces. Yves-Marie Allain, figure reconnue de la botanique, insiste sur la nécessité d’intégrer l’ethnobotanique et le lien entre l’homme et la plante lors de la conception des nouveaux jardins.
Trois axes guident l’action des jardins dans ce domaine :
- Préserver les espèces rares et endémiques
- Mettre en valeur les savoir-faire horticoles
- Répondre aux mutations climatiques
Les écoles de botanique, en France comme ailleurs, forment chaque année des spécialistes capables de conjuguer création paysagère et rigueur scientifique. Les jardins se révèlent ainsi à la fois postes d’observation de la diversité végétale et passerelles précieuses entre la recherche, la culture et la société.
Face à la variété des jardins paysagers et botaniques, une chose s’impose : chaque visite est une invitation à voir le monde autrement, à toucher du doigt la richesse vivante de notre planète et à s’interroger sur le futur que nous voulons lui offrir.


